Dans la gestion d’un cheval au quotidien, une question peut revenir : mon cheval a-t-il mal quelque part ? C’est une question à laquelle il n’est pas toujours simple de répondre de part la complexité de la communication, notamment non verbale avec le cheval. Dans cet article nous vous proposons de faire le point sur la douleur chez le cheval.

Qu'est-ce que la douleur chez le cheval ?

Il est difficile de définir précisément la notion de douleur. Il est possible de partir de la définition des scientifiques de l’IASP (International Association for the Study of Pain), qui font référence en la matière, et qui la définissent comme : « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire, réelle ou potentielle ou décrite en termes évoquant une telle lésion ».

Ce qui se complique avec le cheval, c’est qu’il ne peut pas exprimer de façon verbale sa douleur. Cependant, cette impossibilité de communiquer de façon verbale, n’exclue pas que votre cheval puisse ressentir de la douleur nécessitant une prise en charge par votre vétérinaire.

On considère qu’il existe deux types de douleurs :

  • Douleur aiguë

Ce type de douleur est généralement de courte durée (quelques jours) et est due à une blessure ou une lésion. Elle est souvent liée à une seule cause et est « utile » puisqu’elle correspond à un signal d’alarme). Les exemples les plus communs chez le cheval qui peuvent conduire à ce genre de douleur vont être les coliques, les abcès de pied, les fractures, les tendinites

  • Douleur chronique

Ce type de douleur est de longue durée (plusieurs semaines, mois, années…) et elle peut être liée à l’aggravation de la cause ayant causé initialement une douleur aigüe où être liée à des conséquences de la douleur initiale. C’est ce genre de douleur qu’il faut prévenir au maximum car elle est à l’origine de nombreuses perturbations dans tout l’organisme de votre cheval : baisse de l’appétit, transit intestinal ralenti, perturbations du rythme cardiaque et respiratoire, baisse de l’immunité… Il est essentiel de la prendre en charge pour éviter des conséquences parfois dramatiques pour le cheval. Les exemples les plus communs chez le cheval qui peuvent conduire à ce genre de douleur vont être l’arthrose chronique, la fourbure chronique, l’uvéite chronique ou encore le syndrome naviculaire.

Si une prise en charge rapide de la douleur permet d’éviter son aggravation, cela ne signifie pas qu’il faut nécessairement retirer toute sensation de douleur à son cheval. Par exemple, pour un cheval souffrant d’une tendinite, l’objectif va être d’aider le cheval à se relâcher et à limiter l’inflammation mais en aucun cas de vouloir supprimer totalement la douleur qui ferait que le cheval s’appuierait « normalement » sur sa jambe et risquerait d’aggraver les lésions.

Pour prendre en charge rapidement la douleur et éviter qu’elle ne s’aggrave, il va donc être important de reconnaitre les signes chez votre cheval.

Comment reconnaitre la douleur chez le cheval ?

Votre cheval étant une proie, il est dans sa nature de cacher sa douleur afin de ne pas se montrer « fragile » face à d’éventuels prédateurs. En plus de cela, comme chez l’homme, chaque cheval ressentira et exprimera la douleur de façons différentes en fonction de nombreux facteurs (tempérament, seuil de tolérance, race…).

Pour que vous puissiez avoir la capacité de reconnaitre la douleur et d’essayer de mesurer son intensité (pour juger de l’urgence de la situation et pouvoir prévenir votre vétérinaire en conséquence par exemple), il va être important d’essayer d’être le plus objectif possible. Par exemple, il est important de s’appuyer sur des critères objectifs (boiterie, gonflement …). Bien sûr la connaissance de votre cheval et de son comportement « normal » est importante aussi afin de pouvoir repérer d’éventuels changements.

Pour vous aider, voici quelques éléments « classiques » qui peuvent vous aider à voir si votre cheval présente une quelconque douleur :

  • Modifications de son comportement alimentaire (ne mange plus, ne finit pas ses repas, difficultés à déglutir...).
  • Comportement avec l’homme et avec les autres chevaux : vous pouvez aussi prendre un peu de recul et voir comment votre cheval interagit avec vous ou avec d’autres congénères. Encore une fois cela est à corréler avec le comportement « normal » de votre cheval. Par exemple si votre cheval vient d’habitude vers vous au pré se met à ne plus venir, cela peut être le signe d’une douleur.
  • Comportement par rapport à son environnement : votre cheval va se désintéresser de ce qu’il se passe autour de lui. Il ne sera pas intrigué par ce qu’il se passe aux alentours car il sera perturbé par sa douleur.
  • Actions spécifiques. Certaines actions réalisées par votre cheval peuvent être le signe de douleur ; c’est le cas par exemple d’un cheval qui va se mettre à beaucoup se rouler, à grincer des dents, à passer beaucoup plus de temps couché… Ce type d’actions peut également se présenter au travail, soyez également attentif au comportement de votre cheval au travail (régularité des allures, défenses, baisse de performances…).
  • Expressions faciales de la douleur. Comme pour beaucoup d’espèces animales, le cheval peut présenter des expressions qui peuvent témoigner de la douleur. Soyez attentif à ses oreilles, ses naseaux, sa bouche ou encore ses yeux.
  • Modification des paramètres physiologiques. Même si ce n’est pas toujours facile de les mesurer, il peut être intéressant de vérifier régulièrement les constantes de votre cheval : augmentation de la fréquence respiratoire, augmentation de la fréquence cardiaque, température…

Plus généralement, le fait de ne pas trouver son cheval dans son état normal ou avec un comportement inhabituel peut être un signe de douleur.

Dans tous les cas, si vous avez l’impression que votre cheval peut présenter des signes de douleurs, nous vous conseillons de prendre contact rapidement avec votre vétérinaire afin de trouver le plus rapidement possible les causes de cette douleur afin de pouvoir les prendre en charge.

Les conséquences de la douleur chez le cheval

Comme nous l’avons abordé dans la première partie, si au départ la douleur (aiguë) est un signal d’alarme permettant à l’organisme de réagir, il est important de ne pas la laisser durer trop longtemps sous peine de passer dans de la douleur chronique et d’avoir des conséquences néfastes sur le bien être de votre cheval. Il existe de nombreuses conséquences lorsque la douleur n’est pas correctement prise en charge :

Des infections : lors de douleur de longue durée, il a été montré que cela causait du stress au cheval. Ce stress va être à l’origine de la production d’une hormone, le cortisol, qui lorsqu’elle circule de façon prolongée peut affecter le système immunitaire de votre cheval. Une baisse de l’immunité de votre cheval le rend alors plus vulnérable aux nombreux pathogènes qu’il peut rencontrer dans son environnement (bactérie, virus…).

Des troubles digestifs : des modifications du comportement alimentaire (ne mange plus, ne boit plus…) peut avoir de nombreuses conséquences sur le système digestif de votre cheval comme des ulcères ou des coliques.

Des perturbations des constantes :  la douleur entraine une augmentation du fonctionnement cardio respiratoire et donc des besoins énergétiques. Cela va se traduire par de la fatigue voir de l'épuisement pouvant entrainer une perte de poids.

Des troubles respiratoires : si votre cheval à sa fréquence respiratoire qui augmente, cela peut entrainer des problématiques d’infection pulmonaire ou empêcher le corps de recevoir suffisamment d’oxygène nécessaire au bon fonctionnement de tout l’organisme de votre cheval.

Pour limiter tous ces risques, il va donc être important, à l’aide de votre vétérinaire, de mettre en place des solutions pour soulager votre cheval et si possible arrêter la douleur (et ses causes).

La prise en charge de la douleur chez le cheval

Comme nous l’avons dit précédemment, en cas de suspicion de douleur chez votre cheval, c’est votre vétérinaire qui va pouvoir identifier la ou les causes responsables de cette douleur. Lorsqu’il aura pu ausculter votre cheval et éventuellement réaliser des examens complémentaires et qu’il aura trouvé la cause de la douleur, il va pouvoir prendre en charge la douleur de votre cheval et mettre en place un traitement adapté.

Il existe de très nombreuses causes qui peuvent conduire à de la douleur chez votre cheval et les traitements seront adaptés à chacune d’elle.

En termes de gestion médicamenteuse, votre vétérinaire a à sa disposition une large gamme de produits permettant de soulager votre cheval :

  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens : comme leur nom l’indique, ils vont permettre de limiter l’inflammation et donc souvent la douleur. Il existe plusieurs types d’anti-inflammatoires qui vont avoir une action plus ou moins ciblée. Les Cox 1 sélectifs, comme la flunixine et la pénylbutazone vont avoir une action sur la douleur mais vont aussi avoir une action sur des mécanismes physiologiques comme la protection de l’estomac d’où un potentiel risque d’effets secondaires. Les Cox 2 préférentiels, comme le meloxicam, vont avoir une action sur la douleur et une action négative très modérée sur les mécanismes physiologiques. Les Cox 2 sélectifs, comme le firocoxib, vont avoir une action ciblée sur la douleur et une action négative très faible sur les mécanismes physiologiques. Ils sont utilisés sur tous les types de douleur : digestive, orthopédique, oculaire… Les anti-inflammatoires non stéroïdiens existent sous plusieurs formes : injection réalisée par le vétérinaire, traitement par voie orale sous forme de poudre à mélanger à l’alimentation, de liquide à faire avaler ou bien de comprimés à donner à la main. Retrouvez l’ensemble de notre article sur les anti-inflammatoires.
  • Les anti-inflammatoires stéroïdiens : on retrouve dans cette famille les corticoïdes. Ils vont avoir une action sur la douleur, sur l’inflammation mais aussi sur les réactions allergiques et sont très efficaces sur les œdèmes. Ils sont principalement utilisés sur les douleurs avec des composantes allergiques comme lors de l’asthme (emphysème) et comme lors de la dermatite estivale récidivante mais aussi pour soulager les chevaux arthrosiques en infiltration. Ils peuvent être administrés sous différentes formes : en injection, en infiltration, sous forme orale comme de la poudre ou des comprimés ou bien en gel à appliquer localement sur la zone douloureuse. Retrouvez l’ensemble de notre article sur les anti-inflammatoires.
  • Les morphiniques : pour traiter la douleur, il est aussi possible d’utiliser des dérivés de la morphine. Il peut s’agir de la morphine ou bien d’un de ses dérivés : le butorphanol. Ces molécules agissent directement sur des récepteurs de la douleur. Ils existent uniquement sous forme injectable chez le cheval et sont utilisés pour traiter les douleurs aiguës en particulier chez les chevaux hospitalisés.
  • Les sédatifs : certains produits utilisés par votre vétérinaire pour tranquilliser votre cheval pour faire certains examens ou certaines petites interventions chirurgicales vont aussi avoir un effet anti-douleur en plus de l’effet tranquillisant. C’est le cas de sédomidine et de la détomidine. Ces deux produits sont principalement utilisés en injection.
  • Biphosphonates : ils ne sont pas directement des anti-douleurs mais ils vont avoir un effet sur la douleur. Leur action sur l’os sous chondral des articulations permet de stopper le mécanisme du remodelage osseux lors de l’arthrose. Ce mécanisme qui entraine la destruction de l’os (ostéolyse) est douloureux. Le fait d’arrêter ce mécanisme permet donc de soulager la douleur associée. On retrouve 2 molécules dans cette famille : le tiludronate et le clodronate.
  • Anesthésiques locaux : comme leur nom l’indique, ils sont des produits qui vont avoir un effet anesthésique localement. Le produit agit localement sur les nerfs en empêchant le message nerveux de la douleur de circuler. Ainsi le cheval ne sent pas la douleur localement. L’anesthésique local le plus fréquemment utilisé est la lidocaïne. Il peut être utilisé en gel à appliquer localement ou en injection à faire sous la peau.

La douleur peut prendre des formes très variées chez votre cheval. Son expression varie en fonction de son origine mais aussi de la tolérance de votre cheval. Chez certains chevaux, une simple modification du comportement peut être un signe de la présence d’une douleur. La prise en charge rapide par votre vétérinaire permet d’éviter le risque de dégradation lors d’une douleur aiguë mais aussi d’éviter à la douleur de s’installer chroniquement. En fonction de son diagnostic et des particularités de votre cheval, votre vétérinaire pourra utiliser la ou les molécule(s) les plus adaptées pour la meilleure prise en charge.

Vous l’aurez donc compris la douleur n’est pas normale chez votre cheval et elle doit être prise en charge pour éviter les perturbations sur son bien-être. Comme toujours en cas de doutes, prenez contact avec votre vétérinaire.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à venir nous les poser sur nos réseaux sociaux.

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