L’ostéochondrose chez le cheval
Vous avez peut-être déjà entendu parler d’ostéochondrose ou OCD qui est une affection ostéoarticulaire fréquente chez le jeune cheval. Nous vous proposons aujourd’hui de faire le point sur cette pathologie
Qu’est-ce que l’ostéochondrose chez le cheval ?
L’ostéochondrose appartient à la catégorie des Anomalies Ostéo-Articulaires Juvéniles (AOAJ), qui correspondent à tous les troubles orthopédiques du cheval pendant sa croissance et son développement.
L’ostéochondrose du cheval est donc une pathologie qui se développe lors de la croissance du cheval, généralement entre 3 et 20 mois.
Vous le savez peut-être mais à sa naissance, les os longs du poulain (ceux qui relient les articulations), ne sont pas encore véritablement des os puisqu’ils sont composés de cartilage. Lors de la croissance, ce cartilage va être remplacé par de l’os. Dans le cas de l’ostéochondrose, il va y avoir des perturbations lors du passage du cartilage à l’os qui va donner lieu à des malformations ostéoarticulaires qui peuvent être de différents types :
- Ostéochondrose disséquante : Cela correspond au détachement d’un fragment ostéo-cartilagineux qui se retrouve dans l’articulation. Ce fragment peut entrainer une inflammation locale au niveau articulaire, on parlera alors d’ostéochondrite disséquante.
- Kystes osseux sous-chondraux : Il s’agit ici de la présence d’un kyste au niveau de l’os sous-chondral (partie de l’os directement sous le cartilage articulaire).
Comme pour toutes les AOAJ, de nombreuses articulations peuvent être touchées mais les plus impactées par l’ostéochondrose sont celles du jarret, du grasset et du boulet. Il faut aussi noter que les atteintes touchent généralement les articulations des deux membres en même temps (les deux jarrets par exemple).
L’ostéochondrose peut être à l’origine du développement d’arthrose si elle n’est pas prise en charge. En effet l’inflammation chronique provoquée par le fragment ou le kyste peut entrainer le développement de remodelage osseux et donc d’arthrose.
Nous en parlerons un peu plus tard, mais si cette pathologie se développe chez les chevaux en croissance, il arrive qu’elle ne soit découverte qu’à l’âge adulte.
Les causes de l’ostéochondrose chez le cheval
Il existe plusieurs causes qui peuvent conduire à de l’ostéochondrose chez le jeune cheval :
- L’alimentation de la poulinière et du poulain
L’alimentation est un facteur de risque très important pour le développement de l’ostéochondrose. Il s’agit non seulement de l’alimentation du jeune cheval mais également de celle de sa mère lors de la gestation et de la lactation.
Pour la poulinière ce sont principalement les minéraux qui sont en cause. En effet, les études ont montré qu’une carence en Cuivre ou un déséquilibre entre le Calcium et le Phosphore augmentaient le risque d’ostéochondrose chez le poulain.
En plus de cela, chez le jeune en croissance, une alimentation trop riche en énergie et surtout en amidon est également un facteur de risque. Un bon équilibre minéral est également essentiel pour le poulain.
Enfin, une alimentation adaptée au poulain permet d’éviter qu’il ne soit trop gros. Chez des jeunes en surpoids, les articulations encore très fragiles subiront cette charge supplémentaire et cela pourra perturber tout le processus d’ossification.
- La génétique
De nombreuses études ont montré que certaines races comme les Selle Français, les Pur-sang ou les Trotteurs Français avaient des prédispositions génétiques pour l’ostéochondrose. En plus de cela, ces races n’ont pas les mêmes articulations atteintes. Ainsi les Trotteurs auraient plus de risque d’avoir de l’ostéochondrose au niveau du jarret.
La génétique étant un facteur de risque important, les étalons reproducteurs sont souvent évalués sur leur « statut ostéoarticulaire » afin d’évaluer le risque pour leur descendance de développer de l’ostéochondrose.
- L’activité physique du jeune cheval
L’activité physique du poulain pendant ses premiers mois/années de vie est également un facteur de risque pour l’ostéochondrose. Ainsi, des efforts physiques trop importants très jeunes vont être néfastes pour le bon développement des os. Une activité trop importante va entrainer des traumatismes sur les jeunes articulations et os en croissance et ainsi augmenter le risque d’ostéochondrose.
Il est important de noter que les études ont également montré qu’une activité physique régulière et relativement modérée pouvait diminuer le risque d’ostéochondrose. Il est donc important pour sa bonne croissance que le poulain puisse bouger en limitant certaines contraintes (sols trop dur, sols glissants…)
- Facteurs hormonaux
Il s’agit d’une cause plus rare mais chez certains chevaux ayant une production d’hormones thyroïdiennes limitée, le risque d’ostéochondrose est plus important.
Les symptômes de l’ostéochondrose chez le cheval
Comme pour de nombreuses pathologies, les symptômes vont être différents d’un cheval à l’autre. La localisation de l’ostéochondrose et le travail du cheval impactent également les symptômes.
Chez certains chevaux, l’ostéochondrose n’entrainera jamais de gênes, ou seulement à certaines périodes et pour d’autres ces gênes seront plus importantes et les symptômes plus visibles.
Parmi les symptômes les plus classiques pour l’ostéochondrose, on retrouve :
- Gonflement de l’articulation touchée. C’est l’un des signes les plus fréquents qui témoigne de l’inflammation causée au niveau de l’articulation. A noter que ce gonflement n’est pas toujours synonyme de douleur pour le cheval. Le gonflement est dû à une augmentation de la quantité de liquide synovial qui va distendre l’articulation. Cette augmentation est le plus souvent due au fragment d’OCD (aussi appelé chip) qui va créer une inflammation en se baladant dans l’articulation.
- Boiterie. D’un cheval à l’autre cette boiterie peut être plus ou moins importante et elle est d’autant plus observable au travail. La boiterie peut être due à :
- la douleur lors que le fragment est pincé entre les os
- la douleur liée à la distension de l’articulation
- la douleur du poids du cheval sur l’os douloureux qui est touché par un kyste
- l’arthrose qui a pu se développer à la suite de l’inflammation chronique créée par l’ostéochondrose
- Douleur articulaire. L’articulation touchée peut être sensible à la manipulation principalement lorsqu’elle est pliée. La douleur peut être due à la distension synoviale qui rend la flexion plus douloureuse mais aussi au fait que le fragment se retrouve coincé entre les os dans l’articulation lorsqu’on la mobilise.
Le diagnostic de l’ostéochondrose chez le cheval
C’est votre vétérinaire qui va pouvoir diagnostiquer l’ostéochondrose. Généralement il commencera par un examen locomoteur complet en statique pour observer les membres de votre cheval, à la recherche d’éventuels gonflements articulaires, de zones sensibles ou encore de zones plus chaudes. Votre vétérinaire peut réaliser des flexions des membres à l’arrêt pour voir si la mise en contrainte entraine une réaction douloureuse.
Il passera ensuite à un examen en mouvement lors duquel il pourra observer votre cheval se déplacer à la fois en ligne droite mais aussi en cercle et sur des sols différents (durs, mous…). Il pourra aussi réaliser des tests de flexion : fléchir le membre pour mettre l’articulation en contrainte et faire partir le cheval au trot pour voir si cette contrainte entraine une boiterie. Si le cheval boite cela signifie que l’articulation est douloureuse.
Une fois qu’il aura une idée de la localisation du problème, il pourra réaliser des examens supplémentaires comme une radiographie ou une échographie qui permettront de localiser précisément la lésion mais également d’évaluer la gravité de celle-ci.
Si votre vétérinaire trouve de l’ostéochondrose sur une articulation de votre cheval, il pourra vous proposer de regarder le membre opposé car comme nous l’avons dit précédemment c’est une pathologie qui est bilatérale et touche donc généralement les deux membres (antérieurs ou postérieurs).
L’évaluation de « toutes » les lésions permet à votre vétérinaire de proposer un traitement et une prise en charge plus adaptés pour votre cheval.
Le traitement de l’ostéochondrose chez le cheval
Une fois que le diagnostic sera établi, votre vétérinaire pourra vous proposer deux grands types de prise en charge en fonction du type d'ostéochondrose, de l'âge de votre cheval et de son niveau d'activité.
- Le traitement chirurgical
Pour ce type de traitement, il va s’agir de retirer le fragment d’ostéochondrose présent au niveau de l’articulation en réalisant une arthroscopie.
L’arthroscopie est un examen qui se fait sous anesthésie générale. Elle consiste à introduire un petit endoscope, sur lequel est fixé une caméra, au niveau de l’articulation. En plus de permettre de voir le cartilage articulaire, et la capsule articulaire, il va permettre de visualiser le fragment. A l’aide de petits instruments, il va alors être possible d’enlever le ou les morceaux qui posent un problème afin de bien nettoyer l’articulation.
L’un des principaux avantages de cette technique est qu’en plus de permettre de retirer le fragment et de laver l’articulation, cela permet d’avoir une vraie vision d’ensemble de la santé de toute l’articulation (cartilage, liquide et membrane synoviale).
Cette chirurgie à l’avantage d’être de relativement courte durée, d’avoir assez peu de complications et d’avoir un pronostic favorable pour les jeunes chevaux destinés à une carrière sportive. A la suite de cette opération, les chevaux vont être mis au repos au box et ils reçoivent si nécessaire des traitement anti-inflammatoires et antibiotiques.
Dans le cas où l’ostéochondrose est sous la forme d’un kyste sous-chondral, une intervention chirurgicale est aussi possible. Il existe plusieurs techniques en fonction de la taille du kyste et de sa position. Le but étant de combler le trou que le kyste va entrainer dans l’os. Certaines techniques consistent à cureter le kyste pour le nettoyer et éviter qu’il s’agrandisse. On peut aussi placer une vis ou certains produits dans le kyste pour le combler.
Ce traitement chirurgical reste à un prix relativement élevé ce qui peut conduire certains propriétaires à s’orienter plutôt vers le deuxième type de traitement.
- Le traitement conservateur
Pour ce type de « traitement », il n’y aura pas d’intervention chirurgicale. Cela consiste plutôt à adapter l’activité du cheval pour éviter que les lésions d’ostéochondrose ne s’empirent. Dans cette situation on adaptera l’intensité du travail en fonction de l’inflammation présente au niveau des articulations et donc des symptômes du cheval. En plus de la gestion de l’activité, le vétérinaire peut également prescrire des anti-inflammatoires qui pourront être accompagnés ou non d’infiltrations pour apporter du confort au cheval.
L’objectif de ce traitement conservateur est de surveiller le cheval et d’avoir un suivi vétérinaire régulier afin d’éviter des complications liées à la/les lésion(s) d’ostéochondrose.
Dans le cas de l’approche conservatrice et de la solution chirurgicale, la complémentation avec des chondroprotecteurs comme l’Ekyflex Arthro EVO peut aider à soutenir tous les éléments de l’articulation (cartilage, os sous-chondral et liquide synovial) et ainsi préserver au maximum le confort articulaire de votre cheval.
Vous l’aurez compris, de nombreux facteurs peuvent entrer en compte dans le choix du traitement de l’ostéochondrose chez le cheval :
- Le type de lésion : lorsque les fragments sont assez petits, en fonction de leur position et de l’articulation touchée, ils peuvent être tolérés et ne pas causer de problèmes particuliers au niveau de l’articulation. Certains chevaux vivent avec des fragments « libres » dans l’articulation et peuvent tout à fait avoir une activité normale
- Les symptômes : si votre cheval boite de façon importante ou présente un gonflement important, la chirurgie est souvent conseillée. Dans le cas où le cheval ne présente pas de symptômes particuliers et que la/les lésion(s) sont découvertes « par hasard », le traitement conservateur sera le plus adapté
- L’objectif sportif : dans le cas où vous souhaitez faire de la compétition de façon importante avec votre cheval, la présence d’ostéochondrose même sans symptôme peut être un frein et empêcher votre cheval d’être performant.
- L’âge du cheval : Dans le cas d’une chirurgie, il est souvent conseiller d’attendre que le jeune cheval ait 2 ans. En effet, des fragments peuvent être présents lorsque le poulain est âgé de quelque mois et ne plus être là plus tard. Cependant dans le cas où le fragment peut abimer le cartilage, il peut être important d’agir avant les 2 ans. A l’inverse, si votre cheval a plus de 15 ans lorsque vous découvrez le fragment, l’intérêt de faire une chirurgie peut être discuté.
Prévenir l’ostéochondrose chez le cheval
Pour prévenir l’ostéochondrose chez le cheval, vous pouvez agir sur plusieurs éléments :
- L’alimentation
Nous en avons parlé dans les facteurs de risques, l’alimentation du poulain mais aussi de sa mère va devoir être surveillée.
En ce qui concerne le poulain, pour lui permettre de pouvoir grandir correctement, il est essentiel de lui apporter une alimentation de qualité à la fois en énergie mais aussi en protéines. En plus de surveiller la quantité (valeur MADC), surveillez la qualité (quantité de lysine).
Choisissez un aliment relativement pauvre en amidon qui est le premier élément de l’alimentation pouvant entrainer des problèmes d’ostéochondrose. La valeur énergétique globale (UFC) doit aussi être surveillée pour éviter que le jeune cheval ne se retrouve en surpoids.
Chez le jeune cheval comme chez la mère, l’apport en minéraux, oligo-éléments et vitamines doit également être surveillé. Tous ces éléments sont impliqués dans le métabolisme global de votre cheval. Ils seront alors essentiels à la bonne production laitière chez la mère, mais aussi à l’ossification et la croissance chez le jeune. Dans le cas où votre alimentation serait carencée, l’utilisation de CMV (complément minéral et vitaminés) comme le Bonutron Stud pour la poulinière et Bonutron Yearling pour le poulain peuvent être intéressant.
- Gestion de l’activité du jeune cheval
Nous l’avons vu, une activité physique trop intense peut être à l’origine de lésions d’ostéochondrose chez le jeune cheval. Idéalement, il faut éviter de passer d’une activité nulle (stabulation ou box) à une phase d’activité très intense (grands prés). Quand c’est possible, la mise en pâture en permanence permet de limiter des activités trop intenses lors des sorties suivies d’un arrêt complet au box.
- Dépistage précoce
Le dépistage précoce chez les jeunes chevaux peut permettre de prendre en charge rapidement d’éventuelles lésions et d’éviter d’impacter négativement leur futur sportif.
Il est recommandé de faire un dépistage « systématique » pour les chevaux prédisposés (par la race, ou leur parents). Il est souvent recommandé de faire le dépistage entre 18 et 24 mois, dans tous les cas avant le débourrage et la mise au travail. C’est généralement autour de cet âge que les lésions d’ostéochondrose peuvent apparaitre à la radiographie.
- Soutient avec des compléments alimentaires
Chez les jeunes chevaux en croissance, il est possible de les aider durant toute la période d’ossification afin d’avoir un os de bonne qualité et qu’ils ne manquent de rien. Des compléments comme l’Ekyflex Osteo peuvent être intéressants pour les aider.
Pour les chevaux qui présentent des fragments en regard des articulations ou qui ont présenté des fragments, l’utilisation de compléments alimentaires peut également être utile. Des chondroprotecteurs peuvent aider à soutenir les articulations et permettre de les protéger. Il peut aussi être intéressant d’utiliser des compléments à base d’harpagophytum comme l’Harpagyl pour éviter les raideurs chez les chevaux. N’hésitez pas à en parler avec votre vétérinaire qui pourra vous conseiller le ou les compléments le/les plus adapté(s) à votre cheval.
Vous l’aurez donc compris, l’ostéochondrose est une pathologie qui se développe chez les jeunes chevaux. Il est donc important de mettre en place tout ce qu’il faut dès les premiers mois de votre poulain (et de prendre soin de la poulinière également). Cependant, la gestion de l’ostéochondrose peut être nécessaire tout au long de la vie de votre cheval si celui-ci est touché par cette pathologie. Comme toujours, n’hésitez pas à prendre conseil auprès de votre vétérinaire qui pourra vous proposer la prise en charge et le suivi le plus adapté à votre cheval.
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