Si votre cheval vit au pré ou sort au paddock, vous avez probablement déjà entendu parler de la Myopathie atypique et/ou de l’Erable Sycomore. Nous vous proposons de faire un point sur cette pathologie pour mieux la comprendre et mieux la prévenir.

Qu’est-ce que la myopathie atypique ?

La myopathie atypique, aussi connue sous le nom de « Myoglobinurie Atypique des chevaux au pré » est une maladie souvent mortelle qui correspond à une dégénérescence importante des muscles, dont ceux impliqués dans la respiration, la posture mais également le muscle du cœur.

Cette dégénérescence musculaire est le résultat d’une intoxication liée à l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus) et l’érable negundo (Acer negundo). Ce sont les graines et les jeunes plantes (plantules) qui sont toxiques, c’est pourquoi la myopathie atypique est une maladie saisonnière. Au printemps, se sont généralement les plantules qui causent l’intoxication tandis qu’à l’automne se sont les samares, qui contiennent les graines, qui tombent et se retrouvent au sol.

Tous les équidés peuvent être touchés par la myopathie atypique et elle concerne généralement plus les chevaux vivant en pâture mais il existe des cas chez des chevaux ne passant que quelques heures à l’herbe.

Les études menées sur la myopathie atypique n’ont pas montré de prédispositions liées au sexe du cheval, ni à la note d’état corporel. Cependant, certains facteurs comme l’âge des chevaux et la durée de pâturage influent sur le risque d’intoxication. Ainsi, comme pour de nombreuses pathologies, les jeunes chevaux (moins de 5 ans) et les chevaux âgés (plus de 20 ans) sont plus touchés.

La myopathie atypique n’est pas une maladie contagieuse entre les chevaux ou entre le cheval et l’homme. Cependant, comme elle est liée à l’ingestion des plantules ou des samares se trouvant dans une ou plusieurs pâtures, des chevaux qui se trouvent dans le pré ou des prés très proches peuvent s’intoxiquer au même moment.

La myopathie atypique est une maladie que l’on retrouve principalement en Europe avec près de 75% des cas en Belgique, France et Allemagne. Depuis quelques années maintenant, une maladie aux symptômes similaires est présente aux Etats-Unis.

Les causes de la myopathie atypique

Si l’érable sycomore était responsable de la quasi-totalité des cas de myopathie atypique en Europe il y a quelques années, on retrouve de plus en plus de cas d’intoxications à l’érable negundo notamment dans le sud de la France. En effet, l’érable negundo est une espèce invasive qui se développe de plus en plus en Europe.

L’érable sycomore est un arbre que l’on retrouve dans les forêts d’Europe qui peut atteindre les 30 mètres de haut. Ses feuilles sont généralement d’un vert assez sombre avec 5 lobes. La particularité des graines est qu’elles sont contenues dans des samares, qui ressemblent à deux « ailes » qui permettent ainsi une dissémination par le vent des graines. C’est pourquoi il existe des cas de myopathie atypique, même dans des prés qui n’ont pas d’érable sycomore.

De nombreux travaux de recherche ont été effectués sur la myopathie atypique, et on sait aujourd’hui que c’est l’Hypoglycine A qui est responsable de la pathologie. Cette toxine se retrouve dans les graines, les fleurs et les jeunes plantes des érables sycomores et negundo.

Les chevaux s’intoxiquent généralement en mangeant des samares (contenant les graines) ou des jeunes plantes.  En effet, une fois ingérées, l’hypoglycine A va être transformée en une autre toxine qui va conduire au dérèglement du métabolisme des cellules musculaires entrainant leur disfonctionnement.

Nous l’avons dit précédemment, les cas de myopathie atypique sont liés à la saison. A l’automne, les samares se détachent de l’arbre et tombent au sol. S’ils tombent et qu’il y a du vent, leurs « ailes » vont les disperser et les entrainer loin de leur arbre. Au printemps, les graines qui auront été dispersées, grâce aux samares, vont germer. Elles deviennent alors des plantules qui sont tout aussi toxiques pour les chevaux.

Les symptômes de la myopathie atypique

La myopathie atypique est une maladie dite aigue dont les symptômes apparaissent généralement brutalement.

Dans de nombreux cas, le cheval est retrouvé couché alors que la veille il était en forme. Il est important de repérer le plus tôt possible les symptômes, car la myopathie atypique est fatale dans 75% des cas dans les 48 à 72 heures suivant le début des symptômes. Plus elle est prise tôt plus les chances que le cheval s’en sorte sont fortes.

Dans plus de la moitié est cas, les chevaux ne présentent pas de fièvre et continuent généralement de manger. On retrouve alors des symptômes plus relatifs à l’état du cheval :

  • Difficulté ou incapacité à tenir debout
  • Raideurs musculaires
  • Cheval déprimé
  • Tremblements
  • Transpiration excessive
  • Urine très foncée (couleur café), liée à la présence de myoglobine libérée par les cellules musculaires lors de leurs destructions
  • Congestion des muqueuses (plus foncées que la normale) ; rouge au niveau des gencives et des yeux
  • Augmentation de la fréquence cardiaque (plus de 45 battements par minute)

D’autres symptômes existent, mais ne surviennent que plus rarement :

  • Difficultés respiratoires
  • Hypothermie (moins de 37°C) ou hyperthermie (plus de 38°C)
  • Difficultés à déglutir
  • Appétit exacerbé
  • Coliques

Les études montrent que généralement, les chevaux qui parviennent à rester debout ont plus de chances de s’en sortir.

Le diagnostic de la myopathie atypique

Si vous soupçonnez votre cheval d’avoir la myopathie atypique, appeler en urgence votre vétérinaire. En attendant qu’il arrive, vous pouvez mettre en place différents éléments pour augmenter les chances de survie de votre cheval et favoriser un diagnostic rapide.

D’abord si votre cheval en est capable, essayez de le déplacer dans un endroit à l’abri de la pluie et du vent et le plus confortable possible (avec une litière épaisse) et qui permettra de pouvoir le surveiller facilement et de faire d’éventuels soins. Une fois le cheval installé, essayez de limiter ses déplacements qui vont aggraver la destruction des muscles.

Ensuite vous pouvez vérifier certains paramètres :

  • La température, si votre cheval est en hypothermie n’hésitez pas à lui mettre une couverture pour le réchauffer
  • La transpiration, de même si votre cheval transpire, n’hésitez pas à le frictionner avec de la paille
  • La prise alimentaire, regardez si votre cheval à de l’appétit et s’il a la capacité de déglutir correctement :
    Si c’est le cas, vous pouvez lui apporter un peu de foin ou d’herbe et de granulés en petite quantité
    Si la déglutition est difficile, vous pouvez lui donner de l’eau sucrée

Enfin, vous pouvez aller dans le pré de votre cheval voir si vous trouvez des samares ou des plantules d’érable.

Pour poser le diagnostic, votre vétérinaire aura deux solutions : l’observation des urines et la prise de sang.

Pour les urines, il s’agira de constater la couleur. Si avant l’arrivée du vétérinaire votre cheval urine, n’hésitez pas à essayer de la récolter. Dans le cas où le cheval n’urine pas seul, votre vétérinaire pourra faire un sondage urinaire.

L’inconvénient de la prise de sang est que les résultats mettent un peu de temps pour arriver même si elle est précise et permet de poser un diagnostic sûr.

Le traitement

A l’heure actuelle, il n’existe aucun antidote de la toxine. Le vétérinaire mettra en place un traitement des symptômes.

Ainsi, la plupart du temps il mettra en place des perfusions de vitamines et antioxydants (Vitamine B12, Vitamine E et sélénium) qui permettront de soutenir la fonction musculaire et le métabolisme énergétique et permettront d’apporter de l’eau pour soutenir les reins. La perfusion va aussi permettre de diluer les toxines présentes dans le sang et de favoriser leur élimination dans l’urine.

Il pourra aussi aider le cheval à lutter contre la douleur avec des antalgiques et des anti-inflammatoires.

Les chevaux atteints de myopathie atypique peuvent développer une rétention urinaire au niveau de la vessie. Il est important d’essayer de garder une élimination des urines qui sont la voie de sortie pour la toxine.

Généralement, les chevaux qui s’en sortent n’ont pas de séquelle.

La prévention de la myopathie atypique

Vous l’aurez compris, la prévention de la myopathie atypique consiste principalement à s’assurer de l’absence de samares ou de plantules d’érables sycomore et negundo.

Cependant il est parfois difficile de le faire surtout à l’automne quand les graines peuvent « voler » à plus de 100 mètres de l’arbre et donc se retrouver dans un pré. 

Il existe cependant certains conseils pour essayer de prévenir les intoxications lors des saisons à risques :

  • Surveiller régulièrement les pâtures et effectuer des vérifications de pâture à la recherche des plantules ou des samares.
  • Eviter de nourrir les chevaux à même le sol.
  • Offrir une complémentation minérale aux chevaux vivant en pâture (pierre à sel et CMV adaptés).
  • Limiter le temps de pâturage lors des saisons à risque (si possible) et/ou rentrer les chevaux lors des journées de grand vent en automne.
  • Nettoyer régulièrement les abreuvoirs des chevaux dans lesquels les samares peuvent atterrir.

Nous vous conseillons aussi d’apprendre à reconnaitre les différents érables ainsi que leurs feuilles, leurs samares, les jeunes plantes…. En effet, tous les érables ne sont pas toxiques pour les chevaux, par exemple les érables champêtres et plane ne posent pas de problèmes. 

En plus de cela, si un cas de myopathie atypique se déclare dans une pâture (ou à proximité immédiate), il est important de retirer tous les équidés présents sur cette pâture. Ces chevaux devront être surveillés de très près dans les jours qui suivent.

 

Pour conclure, la meilleure protection de votre cheval contre la myopathie atypique est la prévention. Il faut limiter au maximum les possibilités d’ingestion de plantules ou de samares. Dans le cas où vous soupçonnez votre cheval de s’être intoxiqué, appelez votre vétérinaire.

Si vous avez des questions relatives à la myopathie atypique, n’hésitez pas à venir nous les poser sur nos réseaux sociaux.

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